La petite souris m’a dit, que ce mercredi pourrait sauver ma vie. Je lui ai répondu de pas me faire cocu, j’me suis fait tout p’tit, comme pour passer inaperçu. Et puis j’espère. De galère en galère, j’erre. La tête trop dans le ciel, pas assez sur terre. Moi j’aime le miel, alors j’en mets dans toutes mes sauces pour huiler le fer.
Ce matin les anges pleurent, et je regarde défiler ces silhouettes muettes. Etrangement ça sent l’humain mouillé. Comme à ces soirées de dépravés où tant de badauds mériteraient qu’on leur jette des pavés. Ce matin les anges pleurent et inondent mon coeur. Je maigris à vue d’oeil, comme une amante en deuil. Ou est passée la belle Merteuil? Et la douce Antigone? Comme Valmont: dans un cercueil. Oui, j’crois qu’elles sont gone.
Symbolique phénix qui fonce en piquée vers le sol, hostile, dégradé et décrépi, déployant largement ses ailes, sans entrevoir la chute imminente. Même ses fientes sont d’or, mais pourtant, vient toujours le moment où il s’immole. Que j’aime à voir les flammes déchiqueter son corps.
Un triangle? Oui c’est ça. Un triangle. Phénix s’envoie en l’air au zénith jusqu’à chute libre de masse inanimée. Et puis les cendres. Ou la poussière, comme il vous sied. Amas fûmant d’une gloire passée, gravats brûlants d’espoirs délaissés. Et puis souffle la bise, et puis embrasse ces cendres. Et dans le plus majestueux des tourbillons, au confins de l’oeil du cyclone, rejaillit la pupille de l’oiseau. Elle n’est plus mi-close, mais grassement ouverte. Chaque particule que l’air emporte, ramène à lui l’oiseau. Plume par plume, il prend le tunnel à contre-sens, se saisit de la lumière qui l’éblouit, l’englouttis toute entière, et avec la fougue d’une panthère, la recrache sur terre. Qu’il est veûle le faucon face à cet emblème d’impétuosité. Qu’il est frêle l’aigle royal qui s’oppose à l’oiseau au ramage or-indigo. Tandis que l’un n’est bon qu’à finir en sandwich dans un frigo, l’autre se nettoie du placenta de l’ego. Timidement d’abord, mais très vite avec la candeur des plus grands, il se lie à ses ailes, doux présent des cieux, déserrant les liens des vieux mondes qui l’assaillent. Ce nouveau-né au bec aiguisé n’est pas revenu pour caqueter.
Mais pour l’heure, les anges pleurent, comme pour hydrater ce tas de poussière d’une grandeur passée. L’air et l’eau, ensemble unis sur cet amas de pierre, changeront bientôt quelques étincelles en un feu brûlant propre au phénix. En attendant, il faudra se mouiller.