Comme une odyssée folle au cœur de l’œil du cyclone,
Comme le tourbillon irréfrénable d’un grain de sable dans une clepsydre
Un simple pantin du Destin, envoyé parmi les clones
Là où chacun doit trancher la tête de son Hydre.
La folie, tous les soirs, je la vois derrière la fenêtre
Elle me guette, elle attend l’heure à laquelle
Elle pourra sucer la moelle de mon être.
Un pantin sans manivelle.
Tous les anges des cieux pleurent leur désespoir aujourd’hui
Hier, deux amants se sont endormis sans un bruit.
La pluie s’abat comme une ultime plaie
Et vient chauffer à blanc toutes les plaies.
Ici, les bêtes voleuses de sang dérangent et créent des démangeaisons
Que l’on aime gratter, bien fort, à en oublier de croire aux oraisons.
Furies, harpies voltigeant dans les cieux,
Vous ne serez jamais dignes de Dieu.
Les grenouilles de la nuit jusques au soir
Croassent aussi fort que d’autres au mouroir.
Sans une seule interruption, elles chantent des litanies
Qui rendrait fou tout saint esprit.
Tous ces démons, la chaleur et l’humidité
Vous marque la peau de gros ronds rouges
Qu’il faut porter avec humilité
Espérant la Mer Rouge.
Et les eaux ici sont chargées de latérite
Emportée par les rivières jusques aux océans
Comme frappées par une météorite
Les eaux sont rouges comme le sang.
Les brebis que l’on mène à l’abattoir
Les carcasses, les charognes au bord du trottoir
Et même les charognards carnassiers volant tout là-haut
Sont autant de plaies qu’ici on porte sur le dos.
Et ces mots sont peut-être soufflés par la sauterelle d’hier
Jouant sur la lampe un jeu d’ombres et de lumières.
Peut-être sont-ils vomis par la pluie
Qui ne cesse plus d’alourdir mes ennuis.
Et même si j’ai perdu le premier nouveau-né,
Le premier amour entre deux esprits mal-nés
Me fait encore croire à une terre sacrée
Bien loin de l’Egypte et de ses dix plaies.