Partir c’est mourir un peu

Si partir c’est mourir un peu, revenir c’est renaître beaucoup. Il fallait donc en passer par là, par cette distance large d’un demi monde,pour pardonner, admettre, comprendre,aimer. Avant que je devienne un adulte, jetouffai dans cette cellule familiale. Après le mariage raté de mes parents et la tyrannie paternelle, tout avait volé en éclat, en moi, mais aussi en nous tous. Et, doucement, sans même s’en rendre compte, les morceaux se recollent, en moi, entre nous tous. Sûrement ai je été trop dur. Écoeuré que j’étais de me sentir si seul avant. Seul face au désastre parental. Alors j’ai tout coupé. Vous n’êtes pas là, vous n’êtes famille que par l’appellation. Aujourd’hui je comprends que j’avais tord. Ou, du moins, j’ai sûrement agi par voie de nécessité, instinct de conservation et douleur. Et puis ce week-end j’ai pris une grande claque émotionnelle, comme j’en prends à chaque fois que s’invite dans ma vie le mot famille. Car après tout je m’appelle Rémi et je suis… Mais la claque que j’ai prise cette fois ci, elle a été positive. C’est assez rare pour mériter d’être relevé. J’ai vu ma petite cousine, là, dans sa tenue de mariée, avec son mari aimant. J’ai vu comme elle est devenue une belle jeune femme avec une bonne âme. J’ai vu suintant par tous les pores de toutes les peaux, l Amour. Celui que j’ai tant cherché que je croyais comprendre que je ne connaissais pas. J’ai vu avec mes yeux d’adulte que les autres adultes ont tous leurs problèmes leurs hauts et leurs bas de la vie. Mais ils ont la chance d’avoir l’amour d’une famille pour sourire encore. J’ai vu que j’avais aussi cette chance. Et les louanges de tous quant à mes choix de vie, leur curiosité, leurs mots gentils, leurs tapes sur l’épaule et leurs embrassades. Les louanges de mon jeune frère surtout, pour qui je reste encore aujourd’hui, sans action de ma volonté, le plus grand modèle. Ça laisse songeur, ça veut dire que j’ai un rôle à jouer. Et là fierté de ma mère, elle qui a tant souffert, elle que j’ai tant fait souffrir. Et après tout, elle aussi elle en avait grandement besoin de l Amour. Je suis un arbrisseau dans un jardin éclos. Mes rameaux s epenchent vers la Terre et ma tête pointe vers le ciel. Je suis un jeune chêne qui vient d’être inondé d’une pluie d’amour. J’ai remis en Terre mes racines et vais à présent pouvoir m épanouir, sous les rayons chaleureux d’un soleil ardent.

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