Marcher sur la plage

Cliché des plus exquis,

Presque trop vrai.

L’un et l’autre, font marcher leur vie

Défiant le passé qui les observe en secret.

 

Ils marchent d’un pas décidé,

La tête haute

Bercés par le vent et la marée

Sans qu’aucun ne grelotte.

 

Tous deux perçoivent bien les nuages au-devant

Mais qu’importe,

Rien n’est important

Lorsqu’on se supporte.

Poings crevés

Tellement de choses qu’on aurait encore pu se dire

Tellement d’amour et de fous rire à partager

Des voyages plein la tête, et la sérénité d’un être

Assoupi le soir à ses côtés.

 

Absolument tout aurait dû être autrement.

J’ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi ni comment

On s’est mis sur la même route, dans le même wagon, la même cabine

Tout ça pour tout ruiner à grands coups de baramine.

 

Aujourd’hui, je t’en veux autant que tu m’en veux,

Je m’en veux, peut-être que tu t’en veux

Et les sourires des envieux se font plus forts

Quand des amants sonne la mort.

 

Je sais à présent où me diriger,

J’aurais voulu qu’on continue à se guider

Sans jamais dévier, s’aimer, et rêver.

Et puis plus rien, ne reste qu’à s’en aller.

 

C’est ton père qui vient me voir dans mes rêves,

Ensemble nous parlons, et puis plus rien, le jour se lève.

Les draps ont moisi de ton absence, il y a un trou dans notre lit

Quand je voyage au bout de la nuit.

 

Etre dépourvue de pardon, éternel accusé

Des chimères désabusées, fatigué de mon autruche

Je perce alors notre relation comme un ballon de baudruche

Et l’accusé plaide légitime défense serrant ses poings crevés.

 

Et finalement, celle que je pleure le plus

C’est ma meilleure amie, ma partenaire, disparue.

Snake

Me voici encore une fois seul avec moi-même

Plein de chagrin le cœur fendu, le visage blême.

J’ai voulu y croire et fermer très fort les yeux

Persuadé encore que tout ceci venait des dieux.

 

Alors j’ai fermé les yeux sur sa folie

Ses contraintes, je n’ai vu que sa panoplie

Entré en elle comme dans un magasin de farce et attrapes

Elle m’a attrapé, car à sa toile personne n’échappe.

 

Je me rappelle ces nuits d’hystérie lorsqu’elle risquait sa vie

Pour que je vole à son secours, pour qu’on soit plus qu’amis.

Je me rappelle son comportement changé dès le commencement.

Souvent, mon cœur m’alertait, je lui disais « tu mens ».

 

J’étais devenu moi, je m’étais libéré

Pour me refaire emprisonner

A l’intérieur de moi, en proie aux démons passés.

Paraît que c’est eux qui ont encore tout cassé.

 

Je veux bien me flageller, pleurer sur mon sort encore,

Mais je plaide la faute partagée, qu’elle reconnaisse au moins ses torts.

Je m’étais trouvé, un peu artiste, un peu bohème,

Du goût pour le brillant et les grands théorèmes.

 

Au début, je lui avais dit non, je connais ce genre de fille

Qui veut absolument plaire, pour se prouver quelque chose

Elle a insisté, a mis toute ma vie en vrille,

Promettant de grandes apothéoses.

 

 

Toutes ses photos affichées aux yeux de tous,

Comme pour bien prouver l’amour,

Marquer son territoire

Et flatter son ego dérisoire.

 

Déjà là j’aurais dû comprendre,

Que j’ai encore succombé aux crochets du serpent.

Puni des bons temps du couple, comme un enfant.

Il y avait de quoi se méprendre.

 

Alors comme toujours, j’ai persisté dans mon erreur,

J’ai foncé tête baissée, jusqu’à me prendre un mur

Des cornes sur la tête et des chrysanthèmes au cœur.

Plus tu y crois et plus c’est dur.

 

L’ironie de cette histoire,

C’est que celui sans sentiment se retrouve

Dans le noir,

Celle douée de sentiments, jamais n’en n’éprouve.

L’Enfer Vert

Venir ici, c’est rencontrer la part la plus animale de soi

Du monde, des autres. Séjour en forêt primaire.

Comme les arbres alentours, remettre ses racines en terre.

Quel beau défi lorsque l’on cherche le chemin droit.

 

Se laisser repiquer à l’autre bout du globe,

Voilà le défi majeur de cette Guyane

Là, il n’est plus question d’habiller ses défauts d’une robe

Ils la déchirent au contact des lianes.

 

On pense là-bas, au port, aux proches que l’on laisse

Sans même savoir dès lors qu’on y laissera une part de nous-mêmes

De nos jeunes années pour certains, de notre liaisse.

Faire des paris sur les récoltes que l’on sème.

10 plagues

Comme une odyssée folle au cœur de l’œil du cyclone,

Comme le tourbillon irréfrénable d’un grain de sable dans une clepsydre

Un simple pantin du Destin, envoyé parmi  les clones

Là où chacun doit trancher la tête de son Hydre.

 

La folie, tous les soirs, je la vois derrière la fenêtre

Elle me guette, elle attend l’heure à laquelle

Elle pourra sucer la moelle de mon être.

Un pantin sans manivelle.

 

Tous les anges des cieux pleurent leur désespoir aujourd’hui

Hier, deux amants se sont endormis sans un bruit.

La pluie s’abat comme une ultime plaie

Et vient chauffer à blanc toutes les plaies.

 

Ici, les bêtes voleuses de sang dérangent et créent des démangeaisons

Que l’on aime gratter, bien fort, à en oublier de croire aux oraisons.

Furies, harpies voltigeant dans les cieux,

Vous ne serez jamais dignes de Dieu.

 

Les grenouilles de la nuit jusques au soir

Croassent aussi fort que d’autres au mouroir.

Sans une seule interruption, elles chantent des litanies

Qui rendrait fou tout saint esprit.

 

Tous ces démons, la chaleur et l’humidité

Vous marque la peau de gros ronds rouges

Qu’il faut porter avec humilité

Espérant la Mer Rouge.

 

Et les eaux ici sont chargées de latérite

Emportée par les rivières jusques aux océans

Comme frappées par une météorite

Les eaux sont rouges comme le sang.

 

Les brebis que l’on mène à l’abattoir

Les carcasses, les charognes au bord du trottoir

Et même les charognards carnassiers volant tout là-haut

Sont autant de plaies qu’ici on porte sur le dos.

 

 

Et ces mots sont peut-être soufflés par la sauterelle d’hier

Jouant sur la lampe un jeu d’ombres et de lumières.

Peut-être sont-ils vomis par la pluie

Qui ne cesse plus d’alourdir mes ennuis.

 

Et même si j’ai perdu le premier nouveau-né,

Le premier amour entre deux esprits mal-nés

Me fait encore croire à une terre sacrée

Bien loin de l’Egypte et de ses dix plaies.

Le Jour et la Nuit

La nuit est sombre ce soir et me rappelle trop ton absence.

Les notes de musique me bercent, mais ce n’est pas assez

Pour remplacer ce vide au creux de mes draps, ton essence.

Alors je me remémore nos moments passés.

 

C’est comme une course incessante, nous deux.

Comme pour payer de ma bêtise,

Nous ne pourrons être pleinement heureux, pleinement deux,

Que lorsque tu seras ramenée par la bise.

 

J’ai toujours ton sourire, dans un coin de ma tête

Ton sourire malicieux, et tes yeux pleins de paillettes.

Dans mes rêves je dessine ton corps

Lorsqu’il me crie « encore ».

 

Tu es si douce avec moi, si bienveillante.

J’en arrive presqu’à croire que je le mérite.

Jamais avant je n’avais vu pareille amante,

Une amante émérite.

 

Prince des voleurs recherche ardemment Jasmine.

Père en devenir recherche activement une mère qui soit bonne.

Car dans ce monde odieux, plus aucune valeur.

C’est, en vérité, un grand malheur.

 

Dans mes rêves de réac, de bon chrétien,

J’imagine la femme et l’homme compléments,

Chacun veillant au bien

De l’autre amant.

 

Combien de femmes sur cette terre ?

Combien de femmes qui ne savent être mère,

Etre une Femme ?

A grands coups de liberté, elles ont perdu leur flamme.

 

Chacun dans le couple joue un rôle bien précis.

L’un soignant l’autre malade,

L’autre couvrant son mari endormi.

Voilà ce qu’est un couple dont les cœurs, longtemps, battront la chamade.

 

Ces vers sont peu clairs, et pourtant, étonnamment,

Bien plus qu’auparavant.

Le style devient plus fluide, moins ampoulé.

Comme l’esprit, peu à peu, n’est plus illuminé, mais éclairé.

 

Comment pourrais-je assez te remercier ?

Je n’aurais, d’une seule vie, pas assez.

C’était donc toi celle que j’ai rêvé tant d’années,

Celle que je saurais aimer

 

Et qui m’aimera aussi.

A vie.

A croquer

Voyez-vous, Madame, je suis fou

De vous. Non, pas vraiment de vous et, pour dire tout,

Vous avez une bouche que je voudrais croquer

Caresser, effleurer, mordiller, pour l’éternité.

 

Laissez mon âme se lover au creux de ces vagues

Rouges comme les braises ardentes

Rouges quand mon esprit divague

Elles sont belles, je les veux vivantes,

 

Vibrantes, pleines de vos mots qui m’enivrent.

Une bouche, en somme, un paradis pour vivre.

La nature est un temple au creux de vos lèvres

 

Comme un soleil crachant sur moi sa fièvre,

Je rêve d’embrasser ces îlots charnus

Et que vous me laissiez vous mettre à nu.