Le Jour et la Nuit

La nuit est sombre ce soir et me rappelle trop ton absence.

Les notes de musique me bercent, mais ce n’est pas assez

Pour remplacer ce vide au creux de mes draps, ton essence.

Alors je me remémore nos moments passés.

 

C’est comme une course incessante, nous deux.

Comme pour payer de ma bêtise,

Nous ne pourrons être pleinement heureux, pleinement deux,

Que lorsque tu seras ramenée par la bise.

 

J’ai toujours ton sourire, dans un coin de ma tête

Ton sourire malicieux, et tes yeux pleins de paillettes.

Dans mes rêves je dessine ton corps

Lorsqu’il me crie « encore ».

 

Tu es si douce avec moi, si bienveillante.

J’en arrive presqu’à croire que je le mérite.

Jamais avant je n’avais vu pareille amante,

Une amante émérite.

 

Prince des voleurs recherche ardemment Jasmine.

Père en devenir recherche activement une mère qui soit bonne.

Car dans ce monde odieux, plus aucune valeur.

C’est, en vérité, un grand malheur.

 

Dans mes rêves de réac, de bon chrétien,

J’imagine la femme et l’homme compléments,

Chacun veillant au bien

De l’autre amant.

 

Combien de femmes sur cette terre ?

Combien de femmes qui ne savent être mère,

Etre une Femme ?

A grands coups de liberté, elles ont perdu leur flamme.

 

Chacun dans le couple joue un rôle bien précis.

L’un soignant l’autre malade,

L’autre couvrant son mari endormi.

Voilà ce qu’est un couple dont les cœurs, longtemps, battront la chamade.

 

Ces vers sont peu clairs, et pourtant, étonnamment,

Bien plus qu’auparavant.

Le style devient plus fluide, moins ampoulé.

Comme l’esprit, peu à peu, n’est plus illuminé, mais éclairé.

 

Comment pourrais-je assez te remercier ?

Je n’aurais, d’une seule vie, pas assez.

C’était donc toi celle que j’ai rêvé tant d’années,

Celle que je saurais aimer

 

Et qui m’aimera aussi.

A vie.

A croquer

Voyez-vous, Madame, je suis fou

De vous. Non, pas vraiment de vous et, pour dire tout,

Vous avez une bouche que je voudrais croquer

Caresser, effleurer, mordiller, pour l’éternité.

 

Laissez mon âme se lover au creux de ces vagues

Rouges comme les braises ardentes

Rouges quand mon esprit divague

Elles sont belles, je les veux vivantes,

 

Vibrantes, pleines de vos mots qui m’enivrent.

Une bouche, en somme, un paradis pour vivre.

La nature est un temple au creux de vos lèvres

 

Comme un soleil crachant sur moi sa fièvre,

Je rêve d’embrasser ces îlots charnus

Et que vous me laissiez vous mettre à nu.

Laïcité I

Qu’est-ce que la laïcité ? Tous azimuts aujourd’hui, le mot est profané. Mais qui saurait le définir précisément ? Le dictionnaire Larousse en donne cette définition :[définition dictionnaire]… Par conséquent un état, une nation laïque accepte tous les cultes et ne prend parti pour aucun. Or, en matière de religion, il convient de rappeler l’étymologie du terme : « religere », relier. La religion dans sa mission première devait relier les gens, dans le but même de l’idée de nation. Ces individus liés par la religion en tirent une culture commune, en témoigne le lien étroit entre littérature, arts en général, et religion au fil de l’Histoire. Et, quand bien même les derniers siècles auraient vu s’imposer des réflexions contre le christianisme, cela n’en reste pas moins une prise de position par rapport à la religion. Ce que j’entends par là, c’est qu’un état totalement laïque est impensable et impossible, du fait d’une culture commune issue de ladite religion. Aussi, concernant les autres religions du livre, la démarche est la même, on peut accepter les autres religions, mais on ne peut comprendre et s’interesser à un individu sans associer culture et idéologie religieuse. De fait, où se trouve la liberté laïque ?

Dans mon frigo ce soir

Dans mon frigo ce soir, ne restent que des souvenirs de ce qui fut pour un temps. Ici du jus de tomate, là du lait de soja chocolaté. Un frigo d’écolo en somme, de la verdure et du dietetique.

Sur la gauche, posées là sur une table, quelques paillettes multicolores ornent le fond d’une tasse. Des paillettes pour dessert semble-t-il. La vaisselle de la veille ne sommeille plus au fond de l’évier.

Devoir de mémoire

On nous parle de devoir de mémoire, nous imposant des minutes de silence dans un monde déjà muet. On nous sert de belles valeurs sans fond. N’oubliez pas, n’oubliez pas, disent les livres.

N’oubliez pas que c’est un simple assassinat qui a prétexté la première guerre mondiale. N’oubliez pas que c’est un monde en crise qui a vu monter le nationalisme et a donné à voir les horreurs de la grande guerre. Voyez donc simplement maintenant ces dirigeants fiers de bombarder des nations, voyez maintenant le nationalisme en tête des sondages. Si la mémoire est un devoir, alors, un siècle après, souvenez-vous, mais souvenez-vous bien.

De liberta

La gangrène qui ronge le monde post-moderne, c’est la modernité. J’entends par modernité les actions successives ayant conduits l’Homme à son émancipation de lui-même. L’Homme post-moderne porte un deuil multiple. D’une part, le deuil de l’idée de Dieu, depuis Nietzsche comme se plaisent à le dire les incultes. Le second deuil est celui des grandes guerres, et, sous couvert de devoir de mémoire, ce deuil semble ne jamais atteindre de fin. Face au constat de son inhumanité, l’Homme a pris peur de lui-même et de l’autre. Depuis, on apprend dans les manuels scolaires comment les guerres se sont succédées, comment elles se sont déroulées, priant pour que rien ne se répètent. Mais quand apprendrons-nous vraiment la paix ?

Le vrai problème c’est sûrement cette course à la liberté dans laquelle le monde occidental s’est enfermé au XXème siècle. Féminisme, mai 68 et toutes autres actions en faveur de la liberté. Au final, la vieille génération du début du XXème siècle a conservé une morale teintée de religion qu’elle a transmise bon gré mal gré à la génération suivante. Celle-ci au tournant des années 50, et sur appui du progrès technique (photo, vidéo, télévision, cinéma, jusqu’à internet) a annihilé toute idéologie, au profit d’une idée de la liberté. En découla une génération nihiliste, laissant s’entasser les problèmes les uns sur les autres, sous prétexte de liberté toujours. Partout, tous prônent la liberté, sans en avoir même un embryon de définition. Aujourd’hui encore sous couvert de liberté, on tue des Hommes (cf pendaison de Hussein).

La génération suivante hérite donc d’un siècle de lois toutes plus libertaires les unes que les autres, et, au final, n’en deviennent que liberticides. On ne peut que faire le triste constat de leur échec quant à la décadence ou « crise de la culture » d’un monde en déclin comme la nommait déjà Merleau-Ponty.

Aphorisei

Ne cesses jamais de briller. Peu importe ce que tu éclaires ou éblouis, brille.

 

Un vieux sage m’a dit un jour de me méfier du chant de sirènes. Privilégie ta carrière face à ton coeur. Aujourd’hui je le comprends.

 

Gravir une montagne n’est pas une fin en soi. Le premier pic cache toujours un second.

 

La Femme:

Règle 1: Les femmes adorent qu’on leur fasse la conversation.

Règle 2: Ne soyons pas dupes messieurs, le sexe attire autant la Femme que l’Homme.

Règle 3: Fuis-moi je te suis. Suis-moi je te fuis.

Règle 4: Le demi compliment: gratifier et écorcher l’ego. Avec tact.

Règle 5: Observe la.

 

Spiritus sanus in corpo sano.

 

En réalité. Tout n’est qu’énergie. J’appelle énergie l’image jusqu’à l’atome même, l’idée jusqu’à Dieu lui-même, l’Homme jusqu’à l’Homme lui-même.

 

Le Monde extérieure est le reflet de ton monde intérieur.

 

Déterminisme social? Oui. Mais cela ne signifie pas pour autant condamnation. Le tout est de vouloir fermement et de l’assumer. Voyez un enfant envier votre caddie et repensez-y.

Le Provincial et la Bourgeoise

Le problème avec la littérature, c’est qu’elle a cette satanée manie à déteindre sur quiconque tente de la manipuler. Je me souviens, petit, avoir très vite trouvé la science de la lecture, comme une échappatoire. Je devais avoir trois ans. Bien sûr, à la maison, il n’y avait pas de grande littérature. Exit Corneille et autre panthéonade. Mais, cette maison, elle avait le mérite de contenir ce qui, jadis encore, était nommée encyclopédie. Je m’intéressai beaucoup à la science, fasciné par tous les mystères de l’Univers.

Et puis, dans cette maison, autour de moi, tout s’en allait de mal en pis. Longtemps, je me suis laissé aller à toutes formes de révoltes. Je ne m’apaisai que rarement. Mais les moments d’apaisement que j’appréciai particulièrement se fondaient à des rencontres. Souvent, tard le soir, je laissais mon esprit divaguer entre les citations que je découvrais au fil de mes lectures proposées par le tout récent alors, outils Internet. J’ai rencontré Musset, pour qui je garde encore aujourd’hui une grande affection, quoi qu’en disent les puristes. Et très tôt ensuite j’ai découvert Nietzsche, Baudelaire, Orwell. Orwell, ça a été un choc. Laissé là par mon professeur de français de troisième, j’ai pu assister, ému, à la création d’un monde littéraire. […]

J’ai d’abord connu les romantiques, alors, comme eux, je m’émerveillais de la nature et ses splendeurs, de la femme… Je savais, comme eux, pleurer avec peine un monde en mouvement que je reconnaissais chaque jour devant mes yeux –depuis Orwell-. Et c’est à ce moment que tout a commencé à basculer avec Musset. Je devenais badin à souhait, plus qu’il ne faudrait. La chute a continué lorsque j’ai dû étudier quelques lettres d’un qu’on nommait Laclos, avec un prénom imprononçable. S’en est suivie dans cette déchéance l’immanquable Marquis.

Mais, lorsque mon esprit de jeune romantique ne me torturait pas, je me plaisais à imaginer chaque jour, comment je mènerai ma vie demain. Ici commence l’histoire tant entendue déjà, du provincial, gagnant sa vie pour y faire fortune, en compagnie d’une bourgeoise, habitant une belle maison. C’eût été plaisant si ce démon romantique ne m’avait pas trop de fois tourné la tête.

Deuxième histoire du provincial. Toujours empreinte de XIXème, d’une histoire de goût de l’exotisme. Il fallait entendre par là la phrase de Musset : « Alors s’assit sur un monde en ruine une jeunesse soucieuse ». Mon monde était là, devant moi, fumant, et je me résolus alors à m’exiler, vers une bonne cité que l’on appelait Lyon.

Carnet d’un pion qui voulait devenir prof

C’est l’anniversaire de Jenny aujourd’hui. Je tombe du lit et m’attèle à mes travaux inachevés. Ils me changent un temps les idées.

J’arrive tôt à Bellevue, Miryam a encore embarqué la moitié des sujets, et n’est toujours pas là. Elle qui me moralise quand j’arrive à la sonnerie. J’installe donc la salle pour que mes agneaux puissent paisser en paix. Soudain, l’un d’eux m’interpelle timidement pour m’expliquer que je pissais dans un violoncelle. Ils n’étaient pas 80 aujourd’hui, mais une douzaine. A demi déçu, mais sans me laisser le temps de me ressasir, Belzebuth entre en scène, me dit dans une parole ne pas être présente aujoud’hui, problème de bureau, d’absence etc.

Joie! Immense joie, ce matin, tout allait se passer à ma manière, c’est à dire sans pression. Mes agneaux composent et se frottent le cuir chevelu, tandis que je rêvasse debout à la fenêtre, la chaleur du radiateur réchauffant mon corps fatigué. Le soleil est là qui se cache à peine de tout un champs de nuages. Les couleurs sont vives et délectables. Je n’y tiens plus, je me suis risqué à prendre une photo.

Mes rêveries sont interrompus par les cris des enfants, après la porte, que je m’empresse d’aller calmer, pour veiller à la tranquilité de mes propres agneaux. Et là, quel constat! Toute une classe collègienne livrée à elle-même. Plus de prof, les gones musique à fond, la B.O. de la Reine des Neiges en plus. Plusieurs tentatives… En vain. Que dire, que faire? Livrer mes agneaux à eux-même? J’ai dû abandonner.

Je me change les idées entre lectures de Jacottet, et plannification du prochain groupe. J’ai écrit à Jenny: « Bon anniversaire! », rien de plus, déjà trop. Le prochain groupe devait être d’une quarantaine de têtes. Impossible de les laisser prendre leur place habituelle, c’était la fraude assurée. J’ai donc refait, à la volée, un plan de classe, puis il m’a fallut les classer, ce ne fût pas une mince affaire. Puis, compte tenu des divers groupes de LV2 aujourd’hui -et divers professeurs, ça va de soi-, je leur demande d’émarger en face de leur nom. Il faudrait que je me penche sur le profil psychologique des deux ou trois qui n’ont pas placé leur croix dans la case prévue à cet effet, mais en face de leur nom. Le calme revient, la sonnerie retentit. Vingt minutes plus tard, aussi étrange que cela puisse paraître, les premières mines de crayons se rétractent de dessus le papier. Après presque une heure, ils sont déjà nombreux à rêvasser tout comme moi autrefois. Je leur suggère donc d’aller chercher leurs affaires s’ils veulent faire leurs devoirs. Après une heure et quart de cette épreuve, et dépité des bruits incessants des chaises qui se levaient, je dûs me résoudre à leur rendre leur liberté. Et, là, le grand fracas, de la libération qu’on attendait. Il n’en reste finalement que quatre. Je me dis, comme pour apaiser ma conscience, que les derniers à composer sont à présent plus tranquilles que jamais. Surveillance portail, rien à déclarer. Ou peut-être ces filles de terminale en plein tourment avec leur orientation. On s’interroge sur la possibilité d’études d’anglais. Je parle de mon vécu, sous les yeux de la documentaliste, heureuse et surprise que je lui ai apporté son courrier aujourd’hui -fâcheux concours de coincidences-. Je retourne dans le froid et continues ma promenade. Je serre timidement une ou deux mains,  sers une ou deux réprimandes. La faim me tiraille.

Le self me tend donc bien vite ses bras. Je grille sans scrupules -j’ai demandé avant tout de même- la priorité à une collègienne qui me fait beaucoup rire depuis la rentrée. Sans aucune raison apparente, elle n’a jamais manqué à un bonjour, ni même à un sourire. Après quelques mots, elle me dit son interrogation quant à mon statut. Surveillant, lycéen.. Je ne sais pas trop comment réagir. La carte de l’ironie. Embrouille avec Déborah, ange ou démon? En allant m’installer à la table des profs -sensation toujours très étrange-, le prêtre, qui est depuis peu de mes alliés, me jette un « bon appêtit » que je lui renvoie d’un sourire et d’un mot gentil. Je suis rassuré de voir JB en bout de table. Lui, le semble aussi. Cendra en arrêt de travail la semaine prochaine. Tout prend beaucoup de retard, bref, il a besoin de bibi. Réponse tacotac, où est-ce que je signe?

Stage ennuyeux, piqué au vif pour une lecture de Ruy Blas moi qui hais le théâtre et Hugo. Je me suis assis à côté d’une élève qui m’intrigue depuis la rentrée. Trois grands traits rouges et réguliers rayent son bras. Je lui demande de m’attendre à la sortie, craignant une quelconque scarification. Brûlures présentes aussi. La situation était très délicate, mais, je me devais d’intervenir. Elle me fuit quelques temps du regard, puis parut très gênée. Je n’insistais pas, mais me rassurais de lui avoir tendu la main.

Explications avec Deborah. Elle pleure, je monte sur ma moto, je rentre. Il est 17h03. Réveillé depuis 13heures.