La laïcité à l’école, c’est surtout évincer la question du religieux au profit, dit-on, d’un plus grand respect mutuel. Au profit de valeurs républico-politiques. Or, le combat de l’école est avant tout un combat contre l’ignorance. On sait tous les problèmes que peuvent engendrer l’ignorance –le savoir est une arme-. La xénophobie au sens étymologique du terme est un sentiment humain et les français sont réputés champions de cela. J’entends par xénophobie le sens premier de peur de ce qui est étranger. Car il est vrai qu’en France, nous avons la réputation de rejeter toute forme de nouveauté –jugés champions du monde des grèves-. Aussi, il apparaît définitivement dangereux d’évincer la question du religieux de l’école, d’autant plus à une époque obscurcie par la mort de Dieu et la résurrection d’idoles. A défaut de quelques heures au programme d’histoire, il faudrait une meilleure approche de la question religieuse à l’école afin de former les esprits et d’atténuer les incompréhensions, les lacunes de savoir. De ceci découlerait un meilleur travail dans les zones dites d’éducation prioritaire et permettrait de sortir du cercle vicieux du choc des cultures,d’autant plus que souvent les dévots de tous partis ne comprennent même pas leur propre religion. Car nous avons voulu un peuple de la Terre mondialisé, il faut donc en assumer tous les aspects. Les élèves sont avides de connaissance et la question de Dieu est devenue tellement tabou que tout pronostic est donné, sans qu’aucun ne saisisse vraiment le fond du problème. Une élève l’autre jour : « pourquoi les femmes portent la Burqa, c’est dans le Coran ? ». Ma réponse : « la burqa n’est pas imposée dans l’islam, c’est une dérive extrémiste. Le voile est recommandé car il est conseillé aux femmes mariées de recouvrir leurs cheveux, symbole de féminité afin de ne pas subir les agressions d’autres hommes- pouvons-nous ici nous permettre de lier ce sujet à la montée effarante des divers harcèlements envers les femmes aujourd’hui ? ou quand la liberté devient liberticide- d’autre part, le port du voile est un témoignage de respect envers son mari car lui seul a l’honneur de voir dévoilée entièrement la féminité de sa femme. Ici, aucun jugement à avoir, j’ajouterai simplement que c’est un fait culturel que l’on peut assimiler à d’autres fait culturels de peuples judéo-chrétiens -se découvrir la tête, les femmes juives perruqués…-. Un autre sur la charia et le retour prôné par certains courants à une loi originelle de l’islam. Ma réponse : « il faut bien comprendre que les textes dépendent de l’interprétation qu’on en fait. Il est clairement impensable d’appliquer à la lettre un texte vieux de plusieurs siècles à notre époque. Mais il en va de même de la Bible ou de la Torah. Par exemple, les ablutions en islam doivent être faites avec du sable si l’on ne dispose pas d’eau. Il faut alors replacer les choses en contexte, les populations vers lesquelles le Coran a été envoyé étaient principalement nomades et vivaient dans des zones désertiques, elles –les populations- avaient des coutumes barbares. Le Coran, en définitive a été envoyé comme code moral tout comme les autres Livres auparavant. Il apparaît peu adapté de faire ses ablutions avec du sable aujourd’hui dans un monde où, sauf minorité, l’eau est disponible pour tous ». Combien d’enseignants sont vraiment formés pour répondre à ces questions ? Combien sont formés pour combattre l’ignorance. Car, en vérité, c’est bien là le seul ennemi. Enfin, il n’est que trop vrai que depuis Babel, les Hommes ne se comprennent plus.
Catégorie : ESSAIS & REFLEXIONS
Laïcité I
Qu’est-ce que la laïcité ? Tous azimuts aujourd’hui, le mot est profané. Mais qui saurait le définir précisément ? Le dictionnaire Larousse en donne cette définition :[définition dictionnaire]… Par conséquent un état, une nation laïque accepte tous les cultes et ne prend parti pour aucun. Or, en matière de religion, il convient de rappeler l’étymologie du terme : « religere », relier. La religion dans sa mission première devait relier les gens, dans le but même de l’idée de nation. Ces individus liés par la religion en tirent une culture commune, en témoigne le lien étroit entre littérature, arts en général, et religion au fil de l’Histoire. Et, quand bien même les derniers siècles auraient vu s’imposer des réflexions contre le christianisme, cela n’en reste pas moins une prise de position par rapport à la religion. Ce que j’entends par là, c’est qu’un état totalement laïque est impensable et impossible, du fait d’une culture commune issue de ladite religion. Aussi, concernant les autres religions du livre, la démarche est la même, on peut accepter les autres religions, mais on ne peut comprendre et s’interesser à un individu sans associer culture et idéologie religieuse. De fait, où se trouve la liberté laïque ?
Devoir de mémoire
On nous parle de devoir de mémoire, nous imposant des minutes de silence dans un monde déjà muet. On nous sert de belles valeurs sans fond. N’oubliez pas, n’oubliez pas, disent les livres.
N’oubliez pas que c’est un simple assassinat qui a prétexté la première guerre mondiale. N’oubliez pas que c’est un monde en crise qui a vu monter le nationalisme et a donné à voir les horreurs de la grande guerre. Voyez donc simplement maintenant ces dirigeants fiers de bombarder des nations, voyez maintenant le nationalisme en tête des sondages. Si la mémoire est un devoir, alors, un siècle après, souvenez-vous, mais souvenez-vous bien.
De liberta
La gangrène qui ronge le monde post-moderne, c’est la modernité. J’entends par modernité les actions successives ayant conduits l’Homme à son émancipation de lui-même. L’Homme post-moderne porte un deuil multiple. D’une part, le deuil de l’idée de Dieu, depuis Nietzsche comme se plaisent à le dire les incultes. Le second deuil est celui des grandes guerres, et, sous couvert de devoir de mémoire, ce deuil semble ne jamais atteindre de fin. Face au constat de son inhumanité, l’Homme a pris peur de lui-même et de l’autre. Depuis, on apprend dans les manuels scolaires comment les guerres se sont succédées, comment elles se sont déroulées, priant pour que rien ne se répètent. Mais quand apprendrons-nous vraiment la paix ?
Le vrai problème c’est sûrement cette course à la liberté dans laquelle le monde occidental s’est enfermé au XXème siècle. Féminisme, mai 68 et toutes autres actions en faveur de la liberté. Au final, la vieille génération du début du XXème siècle a conservé une morale teintée de religion qu’elle a transmise bon gré mal gré à la génération suivante. Celle-ci au tournant des années 50, et sur appui du progrès technique (photo, vidéo, télévision, cinéma, jusqu’à internet) a annihilé toute idéologie, au profit d’une idée de la liberté. En découla une génération nihiliste, laissant s’entasser les problèmes les uns sur les autres, sous prétexte de liberté toujours. Partout, tous prônent la liberté, sans en avoir même un embryon de définition. Aujourd’hui encore sous couvert de liberté, on tue des Hommes (cf pendaison de Hussein).
La génération suivante hérite donc d’un siècle de lois toutes plus libertaires les unes que les autres, et, au final, n’en deviennent que liberticides. On ne peut que faire le triste constat de leur échec quant à la décadence ou « crise de la culture » d’un monde en déclin comme la nommait déjà Merleau-Ponty.