Là, droite devant moi Ses yeux fatigués remplis d’images De soleils endiablés et de sourires Complices. Là, tout s’apaise Et se fait moins bruyant
Scories célestes
Depuis que tu as fait irruption (éruption ?) dans ma vie, je croise partout, de toi, les scories. C’est un paquet de cigarette froissé dans ma voiture, ou quelques cartons pliés dans le coffre. C’est une canette au frigo, c’est des images dans ma tête.
Il paraît que j’ai l’air fatigué, aux dires de mes collègues. Mais lorsqu’ils virent mes yeux briller, ils furent bien vite rassurés. C’est que cette fatigue-là, elle est bonne pour la santé. Vivre d’amour et d’eau fraîche, ça donne peut-être des cernes, mais surtout, ça rend l’esprit léger.
Comme un ballon, j’ai navigué parmi les airs de cette journée. Jouant volontiers avec mes chérubins, souriant fort et parlant bien. J’en ai même fini, à les voir tous nerveux, par les faire méditer, travailler leur respiration, pour mieux les apaiser. Et quelle sérénité ! Quelle paix intérieure toute cette Sainte journée !
Alors bien sûr, il est déjà tard le soir, et je finis à peine de rechercher le temps perdu à tes côtés. Car oui, même si nos baisers sont divins, il faut, déjà, bien vite, se confronter, à la réalité. Et c’est toute une montagne de dossier que j’ai eu à éplucher. Peu m’importe. Se sentir vivant, ça n’a pas de prix.
Alors je rêve de voyages, d’étreintes encore, de ton sourire farceur, et puis de tout ton corps. Mais de tout ceci, je dirais rarement mot, car je ne veux pas risquer, de nous blesser, de nous enfermer dans des cages, beaucoup trop étroites pour nos esprits éveillés. Cela dit, patience est maître-mot de sagesse, et en vérité, à contrôler nos ardeurs, nous avons tout à gagner.
Puisque l’on vient du ciel et que les étoiles entre elles, ne parlent déjà que de ça.
Semper felicis
Au crépuscule des idoles,
La lune rencontre le soleil.
Leur lumière les immole
Et teinte tout d’orange et de vermeil.
Sous les courbes de la Lune
Aussi blonde que les dunes,
Le Soleil a découvert les trésors
D’une oasis dans le désert.
Marcher sur la plage
Cliché des plus exquis,
Presque trop vrai.
L’un et l’autre, font marcher leur vie
Défiant le passé qui les observe en secret.
Ils marchent d’un pas décidé,
La tête haute
Bercés par le vent et la marée
Sans qu’aucun ne grelotte.
Tous deux perçoivent bien les nuages au-devant
Mais qu’importe,
Rien n’est important
Lorsqu’on se supporte.
Allons bon!
Elle de s’étonner que j’aie changé en si peu de temps. Comme lorsque nous nous sommes rencontrés. Elle de ne pas réaliser que, peut-être, elle avait contribué à m’altérer.
Elle, de revenir gratter l’amitié, s’énervant lorsque je lui explique que je ne peux y concéder sans aucune difficulté. Sans espoir d’une renaissance.
Elle, de partir comme une furie, une harpie, en trombe avec sa voiture-Barbie, moi beuglant quelque chose comme « attend, que je puisse rattraper le chien ». Trop tard, elle partait déjà, le chien à ses talons, ma voix inaudible. Comme la petite semblait heureuse de la revoir. Mais, à elle comme à moi, elle a fait le même accueil : quelque chose comme du dégoût, on repousse, on regarde d’un drôle d’air ce que l’on a cru connaître un jour. Et puis voilà, mon petit chien, ma douce Nazca, fruit instable de notre amour pourri, celle avec qui je pleure les soirs, voilà qu’elle s’est enfuie, attachée à courir encore après celle qui n’éprouve rien.
Et mon petit chien disparu, c’est Elle qui s’évanouit dans la nuit. Le choc est cette fois trop rude pour ne pas vibrer assez à l’intérieur de mon être. Cette femme est et a toujours été nocive pour moi. Je me suis cru fou à lier, irrécupérable, alors qu’en fait, j’étais juste sous son emprise. Comme une princesse, elle voulait faire de moi son jouet, sans jamais connaître, ni chercher à connaître, mon mode d’emploi. Et puis, tout le reste, c’est que de l’abysse.
J’ai vomi hier tout le mal qu’elle m’a fait, cette année qui aurait pu être une des plus belles de ma vie, et qui est trop entâchée de privations, d’espoirs… anéantis.
Voilà, cette sale histoire est terminée.
Je me rappelle alors que, je m’étais juré un jour, de fuir les princesses. Pour autant M. Le Juge, vous savez bien que j’ai tout essayé. Et puis finalement, si la femme est éduquée comme une princesse, qui doit trouver son prince, quid de l’homme ? Sûrement un peu pareil.
Aujourd’hui est un autre jour du reste de ma vie, puisqu’il semblerait que j’ai compris le chemin restant à parcourir, puisqu’il semblerait que j’ai compris que je dois revoir mes critères en matière d’âme sœur. Une princesse ? Allons bon ! Diables de balivernes !
Poings crevés
Tellement de choses qu’on aurait encore pu se dire
Tellement d’amour et de fous rire à partager
Des voyages plein la tête, et la sérénité d’un être
Assoupi le soir à ses côtés.
Absolument tout aurait dû être autrement.
J’ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi ni comment
On s’est mis sur la même route, dans le même wagon, la même cabine
Tout ça pour tout ruiner à grands coups de baramine.
Aujourd’hui, je t’en veux autant que tu m’en veux,
Je m’en veux, peut-être que tu t’en veux
Et les sourires des envieux se font plus forts
Quand des amants sonne la mort.
Je sais à présent où me diriger,
J’aurais voulu qu’on continue à se guider
Sans jamais dévier, s’aimer, et rêver.
Et puis plus rien, ne reste qu’à s’en aller.
C’est ton père qui vient me voir dans mes rêves,
Ensemble nous parlons, et puis plus rien, le jour se lève.
Les draps ont moisi de ton absence, il y a un trou dans notre lit
Quand je voyage au bout de la nuit.
Etre dépourvue de pardon, éternel accusé
Des chimères désabusées, fatigué de mon autruche
Je perce alors notre relation comme un ballon de baudruche
Et l’accusé plaide légitime défense serrant ses poings crevés.
Et finalement, celle que je pleure le plus
C’est ma meilleure amie, ma partenaire, disparue.
Snake
Me voici encore une fois seul avec moi-même
Plein de chagrin le cœur fendu, le visage blême.
J’ai voulu y croire et fermer très fort les yeux
Persuadé encore que tout ceci venait des dieux.
Alors j’ai fermé les yeux sur sa folie
Ses contraintes, je n’ai vu que sa panoplie
Entré en elle comme dans un magasin de farce et attrapes
Elle m’a attrapé, car à sa toile personne n’échappe.
Je me rappelle ces nuits d’hystérie lorsqu’elle risquait sa vie
Pour que je vole à son secours, pour qu’on soit plus qu’amis.
Je me rappelle son comportement changé dès le commencement.
Souvent, mon cœur m’alertait, je lui disais « tu mens ».
J’étais devenu moi, je m’étais libéré
Pour me refaire emprisonner
A l’intérieur de moi, en proie aux démons passés.
Paraît que c’est eux qui ont encore tout cassé.
Je veux bien me flageller, pleurer sur mon sort encore,
Mais je plaide la faute partagée, qu’elle reconnaisse au moins ses torts.
Je m’étais trouvé, un peu artiste, un peu bohème,
Du goût pour le brillant et les grands théorèmes.
Au début, je lui avais dit non, je connais ce genre de fille
Qui veut absolument plaire, pour se prouver quelque chose
Elle a insisté, a mis toute ma vie en vrille,
Promettant de grandes apothéoses.
Toutes ses photos affichées aux yeux de tous,
Comme pour bien prouver l’amour,
Marquer son territoire
Et flatter son ego dérisoire.
Déjà là j’aurais dû comprendre,
Que j’ai encore succombé aux crochets du serpent.
Puni des bons temps du couple, comme un enfant.
Il y avait de quoi se méprendre.
Alors comme toujours, j’ai persisté dans mon erreur,
J’ai foncé tête baissée, jusqu’à me prendre un mur
Des cornes sur la tête et des chrysanthèmes au cœur.
Plus tu y crois et plus c’est dur.
L’ironie de cette histoire,
C’est que celui sans sentiment se retrouve
Dans le noir,
Celle douée de sentiments, jamais n’en n’éprouve.
La laïcité à l’école
La laïcité à l’école, c’est surtout évincer la question du religieux au profit, dit-on, d’un plus grand respect mutuel. Au profit de valeurs républico-politiques. Or, le combat de l’école est avant tout un combat contre l’ignorance. On sait tous les problèmes que peuvent engendrer l’ignorance –le savoir est une arme-. La xénophobie au sens étymologique du terme est un sentiment humain et les français sont réputés champions de cela. J’entends par xénophobie le sens premier de peur de ce qui est étranger. Car il est vrai qu’en France, nous avons la réputation de rejeter toute forme de nouveauté –jugés champions du monde des grèves-. Aussi, il apparaît définitivement dangereux d’évincer la question du religieux de l’école, d’autant plus à une époque obscurcie par la mort de Dieu et la résurrection d’idoles. A défaut de quelques heures au programme d’histoire, il faudrait une meilleure approche de la question religieuse à l’école afin de former les esprits et d’atténuer les incompréhensions, les lacunes de savoir. De ceci découlerait un meilleur travail dans les zones dites d’éducation prioritaire et permettrait de sortir du cercle vicieux du choc des cultures,d’autant plus que souvent les dévots de tous partis ne comprennent même pas leur propre religion. Car nous avons voulu un peuple de la Terre mondialisé, il faut donc en assumer tous les aspects. Les élèves sont avides de connaissance et la question de Dieu est devenue tellement tabou que tout pronostic est donné, sans qu’aucun ne saisisse vraiment le fond du problème. Une élève l’autre jour : « pourquoi les femmes portent la Burqa, c’est dans le Coran ? ». Ma réponse : « la burqa n’est pas imposée dans l’islam, c’est une dérive extrémiste. Le voile est recommandé car il est conseillé aux femmes mariées de recouvrir leurs cheveux, symbole de féminité afin de ne pas subir les agressions d’autres hommes- pouvons-nous ici nous permettre de lier ce sujet à la montée effarante des divers harcèlements envers les femmes aujourd’hui ? ou quand la liberté devient liberticide- d’autre part, le port du voile est un témoignage de respect envers son mari car lui seul a l’honneur de voir dévoilée entièrement la féminité de sa femme. Ici, aucun jugement à avoir, j’ajouterai simplement que c’est un fait culturel que l’on peut assimiler à d’autres fait culturels de peuples judéo-chrétiens -se découvrir la tête, les femmes juives perruqués…-. Un autre sur la charia et le retour prôné par certains courants à une loi originelle de l’islam. Ma réponse : « il faut bien comprendre que les textes dépendent de l’interprétation qu’on en fait. Il est clairement impensable d’appliquer à la lettre un texte vieux de plusieurs siècles à notre époque. Mais il en va de même de la Bible ou de la Torah. Par exemple, les ablutions en islam doivent être faites avec du sable si l’on ne dispose pas d’eau. Il faut alors replacer les choses en contexte, les populations vers lesquelles le Coran a été envoyé étaient principalement nomades et vivaient dans des zones désertiques, elles –les populations- avaient des coutumes barbares. Le Coran, en définitive a été envoyé comme code moral tout comme les autres Livres auparavant. Il apparaît peu adapté de faire ses ablutions avec du sable aujourd’hui dans un monde où, sauf minorité, l’eau est disponible pour tous ». Combien d’enseignants sont vraiment formés pour répondre à ces questions ? Combien sont formés pour combattre l’ignorance. Car, en vérité, c’est bien là le seul ennemi. Enfin, il n’est que trop vrai que depuis Babel, les Hommes ne se comprennent plus.
L’Enfer Vert
Venir ici, c’est rencontrer la part la plus animale de soi
Du monde, des autres. Séjour en forêt primaire.
Comme les arbres alentours, remettre ses racines en terre.
Quel beau défi lorsque l’on cherche le chemin droit.
Se laisser repiquer à l’autre bout du globe,
Voilà le défi majeur de cette Guyane
Là, il n’est plus question d’habiller ses défauts d’une robe
Ils la déchirent au contact des lianes.
On pense là-bas, au port, aux proches que l’on laisse
Sans même savoir dès lors qu’on y laissera une part de nous-mêmes
De nos jeunes années pour certains, de notre liaisse.
Faire des paris sur les récoltes que l’on sème.
10 plagues
Comme une odyssée folle au cœur de l’œil du cyclone,
Comme le tourbillon irréfrénable d’un grain de sable dans une clepsydre
Un simple pantin du Destin, envoyé parmi les clones
Là où chacun doit trancher la tête de son Hydre.
La folie, tous les soirs, je la vois derrière la fenêtre
Elle me guette, elle attend l’heure à laquelle
Elle pourra sucer la moelle de mon être.
Un pantin sans manivelle.
Tous les anges des cieux pleurent leur désespoir aujourd’hui
Hier, deux amants se sont endormis sans un bruit.
La pluie s’abat comme une ultime plaie
Et vient chauffer à blanc toutes les plaies.
Ici, les bêtes voleuses de sang dérangent et créent des démangeaisons
Que l’on aime gratter, bien fort, à en oublier de croire aux oraisons.
Furies, harpies voltigeant dans les cieux,
Vous ne serez jamais dignes de Dieu.
Les grenouilles de la nuit jusques au soir
Croassent aussi fort que d’autres au mouroir.
Sans une seule interruption, elles chantent des litanies
Qui rendrait fou tout saint esprit.
Tous ces démons, la chaleur et l’humidité
Vous marque la peau de gros ronds rouges
Qu’il faut porter avec humilité
Espérant la Mer Rouge.
Et les eaux ici sont chargées de latérite
Emportée par les rivières jusques aux océans
Comme frappées par une météorite
Les eaux sont rouges comme le sang.
Les brebis que l’on mène à l’abattoir
Les carcasses, les charognes au bord du trottoir
Et même les charognards carnassiers volant tout là-haut
Sont autant de plaies qu’ici on porte sur le dos.
Et ces mots sont peut-être soufflés par la sauterelle d’hier
Jouant sur la lampe un jeu d’ombres et de lumières.
Peut-être sont-ils vomis par la pluie
Qui ne cesse plus d’alourdir mes ennuis.
Et même si j’ai perdu le premier nouveau-né,
Le premier amour entre deux esprits mal-nés
Me fait encore croire à une terre sacrée
Bien loin de l’Egypte et de ses dix plaies.